Granadilla.Une maman'ge, ses voyages, ses passions, sa vie...

Ma petite Luna est revenue de l'autopsie le 12 Février, 

ce jour là, on m'a appelé, je faisais mes courses, la sage femme m'a dit :

"Bonjour, ça y'est elle est revenue, vous pouvez venir la voir si vous voulez"

J'ai marmonné quelque chose et raccroché.

Elle a voulu mettre de la joie et de la bonne humeur, je comprends, mais ces paroles ont fait l'effet d'une bombe dans mon estomac, elle a explosé, me laissant avec la douleur.
J'ai même cru qu'elle était vivante, que j'irais la voir et que je pourrais la ramener à la maison l'espace d'un instant. 

1 mois plus tard, je suis consciente que les résultats peuvent mettre du temps à arriver, mais c'est tellement dur l'attente.
On s'imagine plein de chose, je me sens tellement coupable, on a beau me répéter qu'il ne faut pas, c'est plus fort que moi.
On m'a parlé après l'accouchement de maladie, d'infection du placenta, de malformation... Alors oui, j'aimerais savoir la raison, pourquoi ma fille m'a été arrachée si violemment.

1 mois plus tard, je n'ai plus de nouvelle de l'hôpital, j'ai juste croisé quelque sage femme quand j'allais à la morgue voir mon bébé, depuis, silence radio.
J'ai pourtant appelé, demandé à parler à la sage femme qui m'a fait le décollement, demandé à parler avec le chef de service car j'ai besoin d'explication sur ce qui s'est passé avant, pendant, après...je veux son avis de professionnel, je veux de la reconnaissance face à ma douleur.
Mais rien...

Je décide donc de rappeler sur les conseils de ma psy, elle pense que je ne dois pas me sentir mal d'insister et que j'ai l'air d'en avoir besoin pour avancer.
Elle a raison...

La secrétaire me reconnaît de suite et me transfère direct à une sage femme, même pas eut le temps de demander ce qu'il en était de mes demandes.
La sage femme m'explique qu'ils ont reçu des résultats PRELIMINAIRES, sûrement rien d'important mais que si je le souhaite, je peux venir rencontrer le gynéco pour en parler.

Je demande donc encore une fois, un rendez-vous avec le chef de service.
Surprise!!! Il n'est pas là.
On me donne rendez-vous avec le gynéco que j'ai vu quelques fois.

Le 22 Mars à 17h, on se rend à la maternité avec mon chéri.
On est stressé mais on nous a dit que ce n'était rien d'important donc on veut surtout savoir ce qu'il en ait, quels examens ont été pratiqué, quelles hypothèses on peut écarter.

Vous imaginez vous retrouver après la perte de votre bébé, un mois et demi plus tard, dans une salle d'attente avec des gros bidons tout rond??
Je me concentrais sur mon livre et pensais, de toute façon, il vont pas nous faire attendre trop longtemps, ils doivent ce douter que je suis au bord de l'explosion là.
Et pourtant, une heure après, on est toujours là...on a vu du monde passer, entrer, sortir, tout mon corps me demande de fuir, de partir, c'est trop pour lui, mes yeux sont humide, ma gorge nouée et à chaque respiration j'ai l'impression de ne plus pouvoir avaler d'air.
J'ai envie de me lever et de crier.

Il arrive enfin, entre dans le bureau de la secrétaire, y passe un moment, regarde quelque chose, puis vient nous chercher.

Dans le bureau, la tension est palpable, il ouvre le dossier, sort les radios et les places face à la lumière. S'en est trop pour moi, je me mets à pleurer, il est vraiment obligé de faire ça devant nous. C'est tellement difficile, il me demande si ça va, je réponds même pas.
Il me signale qu'il n'a rien encore dit, mais ne comprends même pas que de voir cette radio puisse me boulverser. 

Il dit que tout est normale sur les radios, lis le dossier, explique 2-3 choses auxquels je ne comprends rien. Il nous lit la conclusion.
Je ne réagis pas trop, on m'a dit que ce n'était que des résultats préliminaires, pourtant il y a une conclusion.
Je commence à comprendre et repasse ces mots dans ma tête, elle n'a pas respirée, elle était donc morte avant, elle avait du méconium dans les bronches, donc elle a fait ses selles dans mon ventre, elle s'est étouffé avec, mais comment?
Il nous fait tout un dessins, en expliquant des choses sur le placenta, le méconium mais sans répondre à ma question.
Est ce normale qu'il y est du méconium dans mon liquide?
Il dit que oui, ne répond pas vraiment.
Toute les femmes ont ça alors?
Pas trop de réponse, il me remontre son schéma.
Il finit par me dire que c'est la fautes du diabète, que c'est pour ça que  ma grossesse est plus suivie qu'une autre.
J'ai pas été plus suivie qu'une autre?
"si madame, vous êtes venue en hôpital de jour une matinée pour le diabète"
Alors là, je ne comprends rien, le diabète peut être une cause? Depuis quand? On ne m'a jamais dit ça.
Oui je suis venu à 7 mois de grossesses, mais après?
On m'a jamais demandé mon carnet de suivi en consult', ma sage femme libérale à dû appeler l'hôpital pour savoir pourquoi je n'avais pas eu d'écho depuis des semaines, mon écho à été reporté, quand je suis venu la faire, on m'a demandé ce que faisais là et qui avait demandé une écho de croissance et là il me dit que j'ai été suivi??
J'ai juste vu la diabétologue régulièrement qui suivait mes taux, on avait même décidé à la fin, que je ne devais contrôler mon taux que 2 fois par jour, donc ça allait, non?

J'ai la sensation qu'on me rend coupable, quand je lui dis, il me répond que ce n'est pas lui qui avait du diabète. Il me dit aussi que c'est dommage que je ne connaisse pas mieux mon corps, que j'aurais pu arriver avant sinon.
Alors oui, c'est vraiment de ma faute.
Je pensais me connaitre pourtant, j'ai été attentive, mais non, ce n'était pas assez.
Je suis fautive, j'ai tué mon bébé.

Je lui reparle du décollement et il me fait comprendre que ce n'étais pas une mauvaise chose, que justement ça a accélérer les chose.
Alors je suis coupable de me sentir mal aussi.

Il n'a pas l'air d'avoir plus de chose à nous dire, mais qu'est ce qu'il lui fait dire que c'est le diabète, je ne comprends vraiment pas.
Et David, pourquoi est il encore là, pourquoi il n'est pas énervé contre moi, pourquoi il ne part pas maintenant qu'il sait.

Tout est de ma faute.

Le docteur nous dit que de toute façon, on ira pas mieux tant qu'on aura pas un autre bébé.
Mais il croit vraiment que ça changera tout, que ça remplacera pas ma petite fille?
Il nous dit même qu'il serait ravis de nous suivre pour une autre grossesse, s'en est trop pour moi, il faut que je sorte.

Tout est de ma faute.

A ce moment je n'ai qu'une envie, prendre ma voiture, conduire le plus vite possible et m'écraser dans un arbre, ne plus sentir toute cette douleur, toute cette culpabilité.

Tout est de ma faute.