Granadilla.Une maman'ge, ses voyages, ses passions, sa vie...

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Le pire jour de toute notre vie...

Jeudi 4 Février 2016, ou le jour qui aurait dû être un des plus beaux de ma vie et surtout de celle de mon homme...


2 jours après le 2 Février, toujours les douleurs, mais je me bouge car j'ai hâte qu'elle arrive, elle bouge bien en allant à l'école, à 11h30 une petite contraction et envie d'aller aux toilettes, en sortant, je perds du liquide marron, je trouve ça bizarre et j'appelle l'hôpital et ma SF, ils me disent de venir faire des prélèvements mais de ne pas m'inquiéter, moi tranquille, je prépare mes affaires.

A 12h, énorme contraction qui me fait plier par terre, j'ai mal, 3 minutes après encore pire, quand ma belle mère arrive je hurle mais je souris et essaye de la rassurer en disant que ça va aller.
J'ai pourtant déjà envie de pousser mais je me dis que ce n'est pas possible quand même et que ça devait être pareil pour ma 1ère, je sais plus, c'est tellement différent.

Dans la voiture les contractions sont violentes, la route me paraît interminable et je me retiens de pousser. Je perds les eaux et je sens qu'elle est passé dans le bassin et que ça tête se faufile mais entre les contractions je continue à rigoler et rassurer mon chéri et sa mère. Je panique pourtant de plus en plus et j'ai vraiment un mauvais pressentiments.

Arriver à 500 m de l'hôpital, je n'en peux plus et j'essaye de me déshabiller, en écartant un peu les jambes la tête descend et je me mets à hurler, ma BM se gare devant la porte et mon chéri part en courant chercher les SF, il y a plein de monde dehors et moi la porte grande ouverte, je suis en train d'acoucher, les SF arrivent à la seconde poussée et son petit corps sort, je l'avais déjà dans les mains et je la prends contre moi, elle ne bouge pas, ne pleure pas, on me dit que c'est normal, que ça été vite et qu'il faut lui laisser du temps, ils l'emmènent et je me délivre du placenta dans la foulée.
Il est 13h05, un peu plus d'une heure après ma première grosse contraction.

On restera ce qui paraît un moment interminable, je demande tout le temps comment elle va, si elle a pleuré, si elle a bougé mais on me dit d'être patiente, est-elle en vie?
Il faut attendre pour en être sûre, je m'attends au pire mais on me dit d'espérer.
Je suis tellement anxieuse, on s'occupe de moi, j'ai eu tellement froid dans la voiture, je suis gelée, je tremble, j'ai le cerveau tout embrouillé et je voudrais revenir à il y a quelques heures, au chaud, dans mon lit avec ce petit bébé qui bouge en moi.
Puis l'équipe vient nous annoncer la terrible nouvelle, on nous dit pas vraiment qu'elle est morte mais "désolé".
Désolé de quoi? De me l'avoir pris pendant ces minutes interminables? De ne pas me l'avoir emmené tout de suite? Comment ça désolé?
Mon chéri pleur et moi je ne réagis pas, je ne veux pas y croire, tout allait bien ce matin, ce n'est pas possible.

Quelques minutes après on nous propose de la voir, je la prends dans mes bras et on dirait qu'elle dort, elle est belle je ne comprends pas, on n'avait même pas choisi le prénom, mon chéri choisira Luna. Je pleure tellement.
Elle est belle notre petite Luna, elle a des lèvres toutes fines, le même menton que son papa, des grands doigts, des grands pieds, elle est grande.
Elle fait 3kg360 et mesure 51cm.

Les sages femmes reviennent la chercher pour faire les soins et les premiers examens. Elles prennent des photos et lui font ses empreintes pour que l'on puisse avoir des souvenirs.
Ensuite, on nous la ramène, on la regarde pendant des heures, et on pleure.


Après c'est le défiler des questions, prélèvements... on nous demande tellement de choses que je n'arrive plus à réfléchir.
Il faut prendre la décision pour l'autopsie, on nous explique que c'est important de savoir, sur le moment, on ne s'en rend pas tellement compte.
On nous demande aussi si on souhaitera avoir d'autres enfants, mais comment ça? Je viens juste d'en avoir un.
On nous fait signer un tas de papiers, on nous demande si on veut l'incinérer ou l'enterrer.
Mais n'importe quoi, je veux juste ramener mon bébé chez moi, la porter dans ma belle écharpe, lui donner le sein et l'endormir tendrement avec ma babychou.
C'est tellement irréel, on est en plein cauchemar, on va bien finir par se réveiller.

On nous emmène dans notre chambre ensuite et celle-ci donne sur le cimetière, je me dis que c'est une blague, on me répond que le service est plein. Tellement désemparée.
Mon chéri ne me lâche pas, il me fait un million de câlin, comme pour combler le vide, me dit que ça va aller, on parle beaucoup, comme si on avait déjà beaucoup de recul pour en parler tranquillement, puis on s'effondre à nouveau et on se reprend, encore et encore.
Tout ira mieux demain, non?
La nuit sera longue, bercée par les pleurs des autres bébés.
Je me dis qu'au moins, ils sont en bonne santé eux et ça me rassure, puis ça me transperce le coeur, et je recommence à pleurer.

Un million de question se bousculent, j'aimerais m'entretenir avec le chef de service, avec la sage femme qui m’a fait le décollement, je me sens tellement mal, tant de douleur pour en arriver là?

On se demande pourquoi ça nous arrive à nous, et si on avait fait autre chose, qu'a t-il pu se passer.
On pense surtout aux gens et à Babychou surtout.
Comment va-t-on pouvoir lui dire, c'est horrible de lui avoir promis une petite soeur et de ne pas pouvoir lui donner. Comment vont réagir les gens, j'ai honte, ils vont être tellement tristes.

Je me sens tellement coupable, j'ai donné la mort et non la vie.






26/02/2016
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