Granadilla.Une maman'ge, ses voyages, ses passions, sa vie...

Et je vais bien, ou pas.

Je redoute cette date, celle de sa "mort" car on a beau dire, ce n'était pas une naissance.
J'en suis convaincu maintenant, elle était morte avant.

Il y a 3 mois, à cette heure ci je tournais et virais dans mon lit, ne sachant pas ou mettre mon ventre, ayant hâte que ça ce termine et avec cette douleur lancinante qui me rappelait la violence d'un acte barbare et horrible.

J'insiste sur les mots car c'est vraiment ce que je ressens depuis.

J'avais juste envie de la délivrance, de serrer mon bébé les bras, la ramener à la maison et commencer cette vie à 4, celle qu'on imaginait depuis des mois, celle pour laquelle j'avais mis tout en "pause", mon seul projet, ma fille...

A cette heure ci, elle n'avait pas de prénom non plus, même si au fond de moi, je savais bien qu'il voudrait l'appeler Luna, et que après 9 mois à écouter Soprano chanter les bêtises de sa fille, ces paroles qui me rappelait Kayna, ça avait du sens.

Kayna était en fascination totale sur la lune, les étoiles...et elle chantait à tue tête et me réclamait sens cesse...Luuuuuuna. Donc pour elle aussi ça avait du sens.

3 mois c'est court normalement, ça passe trop vite, on ne les vois pas grandir, moi je ne les pas senti mourir.

3 mois c'est aussi un long chemin parcouru, le déni, la tristesse, l'acceptation.

3 mois c'est aussi nous 3, plus jamais comme avant, très proche à des moments, et distants à d'autre. Une petite fille qui dans ces jeux, dans ces paroles au quotidien nous parle de sa "piti soeur".
Que c'est dur à gérer, en parler sans verser une larme, lui répondre à ses questions.

Elle appelle toujours la chambre, celle de "piti soeur", elle dit souvent qu'elle aurait aimé la voir et lui faire des bisous, qu'elle aurait aimé joué avec même si elle a ses copains. Bref, n'importe qu'elle moment de la journée, souvent quand on ne s'y attend pas.

3 mois de beaucoup d'amour, parce qu'il faut rester souder et s'entraider, mais aussi de douleur, car il n'est pas facile de se réveiller chaque matin et voir son regard, celui d'un homme triste et perdu.
Ces journées de distances car on souffre chacun de son côté, car on ne sait pas comment apaiser l'autre, car on a des besoins différents.

Moi, j'ai besoin de sortir, de voir du monde, de rencontrer du monde, d'avoir des projets, des choses à faire...
Lui, je ne peux pas parler à sa place, mais il gère ça le mieux possible et fait ce qui lui semble le plus bénéfique également.

3 mois à attendre encore et toujours des nouvelles de l'hôpital, de quelqu'un qui se préoccupe un peu de notre sort, de comment on va... mais rien.

La vie continu comme beaucoup le dise, et il faut vraiment trouver des projets pour la continuer, car après un licenciement, des mois d'intérim...on est complètement perdu. 

Mais on avance, pas à pas, mois après mois.

Pour elle, pour qu'elle soit fière de nous, et pour sa grande soeur, qui mérite une vie rempli de joie et de bonheur.

Luna...